Description
La Prima Petri aborde de façon originale la thématique du « faire la volonté de Dieu » en lui associant celle de « faire le bien ». Cette association constitue un véritable « motif » théologique. Après une importante enquête lexicographique, concernant le terme thélèma (« volonté ») référé à Dieu, et le verbe agathopoïein (« faire le bien »), l’auteur parcourt l’Ancien Testament hébreu et grec, la littérature juive ancienne, spécialement les textes de Qumrân, la littérature gréco-romaine, et les autres écrits du Nouveau Testament, en quête des sources littéraires d’une association thématique qui joue un rôle majeur dans l’argumentation parénétique de l’épître. D’un point de vue strictement littéraire, elle unifie le discours parénétique, aidant les auditeurs à en mémoriser le message par sa triple répétition aux moments clés de l’exhortation ; elle permet surtout de préparer l’auditoire, en marquant les étapes d’une progression de la parénèse : après avoir demandé, en réponse aux calomnies, de toujours faire le bien, l’auteur de l’épître mentionne l’éventualité de la souffrance résultant de cette manière de se comporter ; enfin, il encourage ceux qui souffrent parce qu’ils font le bien à s’en remettre avec confiance à Dieu, Créateur fidèle. Parmi de très nombreuses références scripturaires qui fondent la parénèse pétrinienne, deux occupent une place privilégiée : le Ps 33LXX et le quatrième chant du Serviteur (Is 53). Elles apportent la confirmation que « faire le bien » correspond à la « volonté de Dieu ». Après une étude détaillée du « motif » au sein de l’épître, il apparaît que la Prima Petri se situe « à l’interface de deux cultures » : la culture biblique et juive d’une part, et la culture gréco-romaine, notamment stoïcienne, d’autre part. Dans sa conclusion, l’auteur écrit : « Le chrétien accomplit la volonté de Dieu dans son existence en pratiquant non pas d’abord tous les préceptes de la Loi, mais le commandement de la charité qui, pour l’auteur, se résume à toujours faire du bien à autrui. C’est cette attitude fondamentale qui correspond à la volonté de Dieu, même si le prochain vous calomnie ou vous fait du mal et même si vous devez en souffrir. » « Faire la volonté de Dieu » consiste donc à « faire le bien », non par obéissance à ce que Dieu demanderait, mais parce que cela correspond à sa propre manière d’agir et à celle du Christ dans sa Passion. La force du « motif » pétrinien est d’être adapté à une parénèse chrétienne qui est destinée à des communautés habituées au métissage culturel : elle est centrée sur le comportement du Christ, tout en étant enracinée tant dans l’Écriture et le judaïsme que dans le stoïcisme ambiant.