Description

Cet essai vise à mettre au jour le mode de connaissance du principe qu’Albert le Grand déploie, dans son commentaire johannique, comme réponse à l’aporie des philosophes. Il formule celle-ci à propos du verset Jn 1, 7: «Et, bien qu’en elle-même elle soit très manifeste, cependant, notre intellect est, par rapport à elle, comme les yeux de la chauve-souris par rapport à la lumière du soleil». C’est à partir de la notion de témoignage, dans laquelle il reconnaît la structure même de l’Évangile de Jean, que le maître de Cologne développe la connaissance testimoniale comme voie vers le principe, alternative à la métaphysique. Cette enquête procède à partir des questions suivantes. Du point de vue noétique, comment Albert de Cologne réélabore-t-il la notion de médiation à l’œuvre dans le modèle péripatéticien qui propose de parvenir au principe selon la gradation des sciences physique, mathématique et métaphysique? Il reconnaît, dans la connaissance testimoniale et dans la métaphysique, l’homologie structurelle de la manuduction: toutes deux commencent par les données des sens et de l’imagination qui conduisent l’intellect «par la main» vers le principe divin. Du point de vue anthropologique, en quoi la connaissance testimoniale constitue-t-elle le mode de connaissance du principe adapté à l’intellect humain en tant qu’il est conjoint aux sens et à l’imagination, et non pas en tant qu’il en est séparé? C’est en ce qu’elle s’adresse à l’intellect humain, en tant qu’il est humain, que la connaissance testimoniale diffère de la métaphysique. Elle demeure dans le milieu, ou la médiation, des images. Du point de vue herméneutique, le Docteur universel nomme intelligentia figuralis le mode d’interprétation spécifique des images du principe. S’agit-il d’un art ou d’une science? Du point de vue métaphysique, en érigeant la notion de témoignage en point focal de sa lecture du quatrième évangile, Maître Albert élabore de manière spécifique le concept de médiation dans le contexte johannique. Comment se caractérise cette spécificité par rapport à ce qu’il développe dans ses commentaires aristotéliciens et dionysiens, notamment? En retour, la notion johannique de témoignage est radicalement réinterprétée à la lumière de la théorie cosmologique gréco-arabe de la médiation qu’est le vase de lumière. Qu’en ressort-il quant à la lecture albertienne de l’Évangile de Jean? Le bénéfice de cet essai philosophique consiste à étudier la notion de médiation à partir d’une micro-lecture du verset Jn 1, 7, en mettant en lumière le réseau textuel auquel elle appartient ainsi que la manière transversale dont cette notion circule dans toute l’œuvre d’Albert le Grand – dans le corpus aristotélicien, dionysien, scripturaire – et dans tous les champs de sa pensée – métaphysique, théologique, ontologique, noétique, physique, cosmologique, biologique, minéralogique... This essay sheds light on how Albert the Great in his Johannine commentary unfolds his response to various aporia of philosophers on knowing the principle, drawing on John 1:7 (‘And, although in itself, it is very manifest, yet our intellect is, in relation to it, like the bat’s eyes in relation to the sunlight’). On the basis of the notion of witness, in which he recognizes the very structure of the Gospel of John, the Master of Cologne develops testimonial knowledge as a way to the principle, an alternative to metaphysics. From the noetic point of view, this essay asks how Albert of Cologne redefines the notion of mediation at work in the peripatetic model according to physical, mathematical and metaphysical sciences. Albert recognizes in testimonial knowledge and metaphysics the structural homology of manuduction: both begin with the data of the senses and the imagination that lead the intellect ‘by the hand’ towards the divine principle. How from an anthropological point of view does testimonial knowledge constitute the mode of knowledge of the principle that is adapted to the human intellect as it is joint to the senses and to imagination? Testimonial knowledge differs from metaphysical knowledge insofar as it is addressed to the human intellect. It remains in the realm of mediation and images. How from a hermeneutical point of view, the Doctor universalis calls intelligentia figuralis the specific method of interpreting images of the principle. Is it an art or a science? By making the notion of testimony a focal point in his reading of the fourth gospel, Master Albert elaborates in a specific way the concept of mediation in the Johannine context. How is this specificity characterized compared to what he develops in his comments on Aristotelian and Dionysian thinking? On the other hand, the Johannine notion of testimony is radically reinterpreted in the light of the vase of light, a Greco-Arabic cosmological theory of mediation. This philosophical essay studies the notion of mediation from a micro-reading of John 1:7, highlighting the textual network to which it belongs, as well as the transversal way in which this notion circulates throughout Albert’s work – in the Aristotelian, Dionysian, and scriptural corpus – and in all the fields of his thought – metaphysics, theology, ontology, noesis, physics, cosmology, biology, mineralogy...

Métaphysique et connaissance testimoniale: Une lecture figurale du Super Iohannem (Jn 1, 7) d'Albert le Grand

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Cet essai vise à mettre au jour le mode de connaissance du principe qu’Albert le Grand déploie, dans son commentaire... Read more

    Publisher: Peeters Publishers
    Publication Date: 09/12/2019
    ISBN13: 9789042936102, 978-9042936102
    ISBN10: 904293610X

    Number of Pages: 665

    Non Fiction , Politics, Philosophy & Society

    Description

    Cet essai vise à mettre au jour le mode de connaissance du principe qu’Albert le Grand déploie, dans son commentaire johannique, comme réponse à l’aporie des philosophes. Il formule celle-ci à propos du verset Jn 1, 7: «Et, bien qu’en elle-même elle soit très manifeste, cependant, notre intellect est, par rapport à elle, comme les yeux de la chauve-souris par rapport à la lumière du soleil». C’est à partir de la notion de témoignage, dans laquelle il reconnaît la structure même de l’Évangile de Jean, que le maître de Cologne développe la connaissance testimoniale comme voie vers le principe, alternative à la métaphysique. Cette enquête procède à partir des questions suivantes. Du point de vue noétique, comment Albert de Cologne réélabore-t-il la notion de médiation à l’œuvre dans le modèle péripatéticien qui propose de parvenir au principe selon la gradation des sciences physique, mathématique et métaphysique? Il reconnaît, dans la connaissance testimoniale et dans la métaphysique, l’homologie structurelle de la manuduction: toutes deux commencent par les données des sens et de l’imagination qui conduisent l’intellect «par la main» vers le principe divin. Du point de vue anthropologique, en quoi la connaissance testimoniale constitue-t-elle le mode de connaissance du principe adapté à l’intellect humain en tant qu’il est conjoint aux sens et à l’imagination, et non pas en tant qu’il en est séparé? C’est en ce qu’elle s’adresse à l’intellect humain, en tant qu’il est humain, que la connaissance testimoniale diffère de la métaphysique. Elle demeure dans le milieu, ou la médiation, des images. Du point de vue herméneutique, le Docteur universel nomme intelligentia figuralis le mode d’interprétation spécifique des images du principe. S’agit-il d’un art ou d’une science? Du point de vue métaphysique, en érigeant la notion de témoignage en point focal de sa lecture du quatrième évangile, Maître Albert élabore de manière spécifique le concept de médiation dans le contexte johannique. Comment se caractérise cette spécificité par rapport à ce qu’il développe dans ses commentaires aristotéliciens et dionysiens, notamment? En retour, la notion johannique de témoignage est radicalement réinterprétée à la lumière de la théorie cosmologique gréco-arabe de la médiation qu’est le vase de lumière. Qu’en ressort-il quant à la lecture albertienne de l’Évangile de Jean? Le bénéfice de cet essai philosophique consiste à étudier la notion de médiation à partir d’une micro-lecture du verset Jn 1, 7, en mettant en lumière le réseau textuel auquel elle appartient ainsi que la manière transversale dont cette notion circule dans toute l’œuvre d’Albert le Grand – dans le corpus aristotélicien, dionysien, scripturaire – et dans tous les champs de sa pensée – métaphysique, théologique, ontologique, noétique, physique, cosmologique, biologique, minéralogique... This essay sheds light on how Albert the Great in his Johannine commentary unfolds his response to various aporia of philosophers on knowing the principle, drawing on John 1:7 (‘And, although in itself, it is very manifest, yet our intellect is, in relation to it, like the bat’s eyes in relation to the sunlight’). On the basis of the notion of witness, in which he recognizes the very structure of the Gospel of John, the Master of Cologne develops testimonial knowledge as a way to the principle, an alternative to metaphysics. From the noetic point of view, this essay asks how Albert of Cologne redefines the notion of mediation at work in the peripatetic model according to physical, mathematical and metaphysical sciences. Albert recognizes in testimonial knowledge and metaphysics the structural homology of manuduction: both begin with the data of the senses and the imagination that lead the intellect ‘by the hand’ towards the divine principle. How from an anthropological point of view does testimonial knowledge constitute the mode of knowledge of the principle that is adapted to the human intellect as it is joint to the senses and to imagination? Testimonial knowledge differs from metaphysical knowledge insofar as it is addressed to the human intellect. It remains in the realm of mediation and images. How from a hermeneutical point of view, the Doctor universalis calls intelligentia figuralis the specific method of interpreting images of the principle. Is it an art or a science? By making the notion of testimony a focal point in his reading of the fourth gospel, Master Albert elaborates in a specific way the concept of mediation in the Johannine context. How is this specificity characterized compared to what he develops in his comments on Aristotelian and Dionysian thinking? On the other hand, the Johannine notion of testimony is radically reinterpreted in the light of the vase of light, a Greco-Arabic cosmological theory of mediation. This philosophical essay studies the notion of mediation from a micro-reading of John 1:7, highlighting the textual network to which it belongs, as well as the transversal way in which this notion circulates throughout Albert’s work – in the Aristotelian, Dionysian, and scriptural corpus – and in all the fields of his thought – metaphysics, theology, ontology, noesis, physics, cosmology, biology, mineralogy...

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