Description
François Zanetti s’intéresse ici à une pratique médicale peu explorée par les historiens: l’utilisation de l’électricité. La transformation du fluide électrique en un médicament à part entière apparaît au milieu du XVIIIe siècle comme une nouveauté fascinante qui donne à voir les mystères et les merveilles de la nature. Remède employé dans le traitement de maladies chroniques ou nerveuses, suscitant espoirs et déceptions, l’électricité est associée aux bouleversements culturels et sociaux qui animent le monde médical et qui cristallisent les tensions sociales et politiques à la fin de l’Ancien Régime.
Analysant de nombreux témoignages de médecins et de patients, François Zanetti montre comment l’électricité acquiert peu à peu sa légitimité, pour aboutir aux trois procédés devenus canoniques à la fin des années 1770 – le bain électrique, l’électrisation par étincelles et la commotion. Il souligne que l’électricité médicale, qui marque l’entrée des machines dans l’espace thérapeutique, réconcilie les philosophies naturelle et morale. Au temps de la sensibilité et des philanthropes, elle devient un traitement réservé aux pauvres. Elle témoigne aussi de l’autonomie des patients dans l’interprétation de leurs maux et dans la construction de leur itinéraire thérapeutique, entre médecine officielle et praticiens irréguliers.
Dans une approche renouvelée de la médecine du XVIIIe siècle, François Zanetti met en relation des champs généralement envisagés de manière séparée, qui constituent la richesse et la complexité du monde des Lumières: recherches savantes des institutions académiques et des encyclopédies, préoccupations politiques des ministres et des administrations, et aspirations du peuple à l’amélioration des conditions de vie.