Description
Sous-jacent au fameux debat opposant au XVIIe siecle les partisans du dessin a ceux de la couleur, et comme sa veritable raison d'etre, l'enjeu latent de ce desaccord reside dans la conception de la lumiere, qui engage la nature du peindre comme celle du voir. Si les poussinistes sont " luministes ", defendant la perspective aerienne et se reclamant de " la fenetre ouverte sur le monde " d'Alberti, les rubenistes sont " clair-obscuristes " et proposent un espace qui est celui du miroir convexe ou le relief nait du jeu des ombres et des lumieres, selon la technique de " la grappe de raisin ", modele secret du Titien. Sur les pas des antagonistes du XVIIe siecle qui sont en quete de l'autorite des anciens, l'analyse de leurs controverses mene a l'hypothese que la skiagraphie, cette peinture de l'ombre et du contraste, objet d'antiques polemiques, et condamnee par Platon pour ses deformations creatrices d'illusion, pourrait etre un precurseur du clair-obscur du grand siecle, tandis que l'art eikastique legitime par le philosophe grec presenterait une homologie avec l'art prone par les luministes. Ces parentes sont manifestes lorsque les deux partis en presence relisent chacun a leur maniere le mythe antique de l'invention de la peinture pour affronter cette question : " Qu'est-ce que le visible en peinture ? "