Description

Sous l’aspect rassurant d’un recueil érudit, cet album est un permis de chasse aux trésors. Non pour les perceurs de murailles, mais pour les perceurs de mystères. Nul besoin de forcer les secrets des Pyramides ou des palais de Maharajas! Restons ‘Rive gauche’, où la Société Asiatique, libéralement ouverte, ne cesse d’enrichir sa bibliothèque, marquée par la mémoire de Jeanne-Marie Allier, fille du sinologue Paul Demiéville. Quand elle fut fondée, le 1er avril 1822, Paris était la capitale européenne de l’orientalisme. Jusqu’alors l’Asie était le domaine réservé des missionnaires et des marchands, dont le zèle n’était pas désintéressé. Anquetil-Duperron (1731-1805), traducteur de l’Avesta, fut le premier orientaliste au sens savant du mot. Depuis l’expédition d’Égypte, les orientalistes découvraient un monde encore plus captivant que les utopies des Voyages de Gulliver. À la Société Asiatique affluaient livres, chartes et rouleaux, tablettes d’argile, moulages d’inscriptions lapidaires, papyri, xylographies chinoises, feuilles de latanier couvertes de textes bouddhiques. Plus tard, avec les langues non écrites, arrivèrent des transcriptions sur sacs de ciment, notées à la hâte par les ethnologues. Présents dès 1822, Abel-Rémusat et Champollion affrontaient le même défi: déchiffrer des idéogrammes à l’aide de textes bilingues, sino-mandchou d’un côté, gréco-égyptien de l’autre. La quête des caractères spéciaux nécessaires à l’impression du Journal Asiatique fut un roman d’aventures, où se croisent marchands arméniens partant pour l’Égypte, ambassadeurs du Tsar en Mandchourie, graveurs méritants, et même la générosité du roi de Prusse, donateur des lettres dévanagari. Par l’extension de son champ géographique et disciplinaire, la Société Asiatique reflète la ferveur de milliers d’orientalistes, qui partagent depuis deux siècles le même projet humaniste et universaliste. Chaque livre porte la mémoire d’un savant. L’herbier chinois traduit l’insatiable curiosité du fondateur, le Comte de Lasteyrie. Le manuscrit du Lalita Vistara, est lié aux travaux d’Eugène Burnouf. Les charmantes images chinoises populaires sont un don d’Édouard Chavannes. À l’heure des spécialisations étroites et des cloisonnements excessifs, la présente collection ouvre un espace de réflexion et de citoyenneté universelles. Under the comforting aspect of a lavishly illustrated erudite collection, this album is a treasure hunting license. Not for breaking through walls, but for breaking enigmas. No need to break into the secret corridors of the Pyramids, to enter the mazes of the Maharajas' palaces! We can stay on the 'Left Bank', where the Société Asiatique, open to those who ask, has not ceased, for two centuries, to enrich its library, durably marked by the memory of Jeanne-Marie Allier, daughter of the great sinologist Paul Demiéville. When the Société Asiatique was founded on April 1st 1822, Paris was the European capital of research on the Orient. Until then, the Near East and Asia had been the exclusive domain of missionaries and merchants, whose zeal was not entirely disinterested. Anquetil-Duperron (1731-1805) was the first orientalist in the scholarly sense of the word, that is to say 'a true traveler, loving all men as his brothers, sailing all over the world, above wealth and poverty'. Since the Egyptian expedition, the horizon had opened on the depths of Asia. Orientalists discovered a world even more captivating than the amusing utopias of Gulliver's Travels. Certainly, no Asian people wrote diagonally, like Lilliputians or the English ladies. But how can one not marvel at the variety of media? Books, charters and scrolls, clay tablets, casts of lapidary inscriptions, papyri, Chinese xylographs, and leaves of exotic trees covered with Buddhist texts, all flowed in to the Société Asiatique,. Later, when ethnologists began collecting unwritten languages, they sent their transcriptions, hastily noted down on bags of cement. Both present at the first session of the Société Asiatique, Abel-Rémusat and Champollion faced the same challenge at the opposite ends of Asia: to decipher ideograms with the help of bilingual texts, Sino-Manchu on the one hand, Greco-Egyptian on the other. Printing the Journal Asiatique required special characters. The quest for these new fonts is a kind of adventure novel, in which we meet Armenian merchants leaving for Egypt, Tsar's ambassadors in Manchuria, skilled engravers, and even the generosity of the King of Prussia, donor of the Devanagari letters. The Imprimerie Nationale took over under the Second Empire. The library of the Société Asiatique mirrors the fervor of thousands of Orientalists who have shared the same humanist and universalist project for two centuries. Each work bears the memory of a scholar. The Chinese Herbarium reflects the insatiable curiosity of the founder, Count de Lasteyrie. The Lalita Vistara manuscript is linked to the work of Eugene Burnouf. The charming popular Chinese images are a gift from Edouard Chavannes. 'Truth is in the whole', wrote Hegel. At a time of narrow specialization and excessive compartmentalization, the present collection opens up a space for universal reflection and citizenship.

Bicentenaire de la Société Asiatique, 1822-2022: Raretés de la bibliothèque. Catalogue de l'exposition au Collège de France, 29 novembre 2022 - 15 janvier 2023

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Sous l’aspect rassurant d’un recueil érudit, cet album est un permis de chasse aux trésors. Non pour les perceurs de... Read more

    Publisher: Peeters Publishers
    Publication Date: 30/11/2022
    ISBN13: 9789042943421, 978-9042943421
    ISBN10: 9042943424

    Number of Pages: 282

    Non Fiction , Dictionaries, Reference & Language

    Description

    Sous l’aspect rassurant d’un recueil érudit, cet album est un permis de chasse aux trésors. Non pour les perceurs de murailles, mais pour les perceurs de mystères. Nul besoin de forcer les secrets des Pyramides ou des palais de Maharajas! Restons ‘Rive gauche’, où la Société Asiatique, libéralement ouverte, ne cesse d’enrichir sa bibliothèque, marquée par la mémoire de Jeanne-Marie Allier, fille du sinologue Paul Demiéville. Quand elle fut fondée, le 1er avril 1822, Paris était la capitale européenne de l’orientalisme. Jusqu’alors l’Asie était le domaine réservé des missionnaires et des marchands, dont le zèle n’était pas désintéressé. Anquetil-Duperron (1731-1805), traducteur de l’Avesta, fut le premier orientaliste au sens savant du mot. Depuis l’expédition d’Égypte, les orientalistes découvraient un monde encore plus captivant que les utopies des Voyages de Gulliver. À la Société Asiatique affluaient livres, chartes et rouleaux, tablettes d’argile, moulages d’inscriptions lapidaires, papyri, xylographies chinoises, feuilles de latanier couvertes de textes bouddhiques. Plus tard, avec les langues non écrites, arrivèrent des transcriptions sur sacs de ciment, notées à la hâte par les ethnologues. Présents dès 1822, Abel-Rémusat et Champollion affrontaient le même défi: déchiffrer des idéogrammes à l’aide de textes bilingues, sino-mandchou d’un côté, gréco-égyptien de l’autre. La quête des caractères spéciaux nécessaires à l’impression du Journal Asiatique fut un roman d’aventures, où se croisent marchands arméniens partant pour l’Égypte, ambassadeurs du Tsar en Mandchourie, graveurs méritants, et même la générosité du roi de Prusse, donateur des lettres dévanagari. Par l’extension de son champ géographique et disciplinaire, la Société Asiatique reflète la ferveur de milliers d’orientalistes, qui partagent depuis deux siècles le même projet humaniste et universaliste. Chaque livre porte la mémoire d’un savant. L’herbier chinois traduit l’insatiable curiosité du fondateur, le Comte de Lasteyrie. Le manuscrit du Lalita Vistara, est lié aux travaux d’Eugène Burnouf. Les charmantes images chinoises populaires sont un don d’Édouard Chavannes. À l’heure des spécialisations étroites et des cloisonnements excessifs, la présente collection ouvre un espace de réflexion et de citoyenneté universelles. Under the comforting aspect of a lavishly illustrated erudite collection, this album is a treasure hunting license. Not for breaking through walls, but for breaking enigmas. No need to break into the secret corridors of the Pyramids, to enter the mazes of the Maharajas' palaces! We can stay on the 'Left Bank', where the Société Asiatique, open to those who ask, has not ceased, for two centuries, to enrich its library, durably marked by the memory of Jeanne-Marie Allier, daughter of the great sinologist Paul Demiéville. When the Société Asiatique was founded on April 1st 1822, Paris was the European capital of research on the Orient. Until then, the Near East and Asia had been the exclusive domain of missionaries and merchants, whose zeal was not entirely disinterested. Anquetil-Duperron (1731-1805) was the first orientalist in the scholarly sense of the word, that is to say 'a true traveler, loving all men as his brothers, sailing all over the world, above wealth and poverty'. Since the Egyptian expedition, the horizon had opened on the depths of Asia. Orientalists discovered a world even more captivating than the amusing utopias of Gulliver's Travels. Certainly, no Asian people wrote diagonally, like Lilliputians or the English ladies. But how can one not marvel at the variety of media? Books, charters and scrolls, clay tablets, casts of lapidary inscriptions, papyri, Chinese xylographs, and leaves of exotic trees covered with Buddhist texts, all flowed in to the Société Asiatique,. Later, when ethnologists began collecting unwritten languages, they sent their transcriptions, hastily noted down on bags of cement. Both present at the first session of the Société Asiatique, Abel-Rémusat and Champollion faced the same challenge at the opposite ends of Asia: to decipher ideograms with the help of bilingual texts, Sino-Manchu on the one hand, Greco-Egyptian on the other. Printing the Journal Asiatique required special characters. The quest for these new fonts is a kind of adventure novel, in which we meet Armenian merchants leaving for Egypt, Tsar's ambassadors in Manchuria, skilled engravers, and even the generosity of the King of Prussia, donor of the Devanagari letters. The Imprimerie Nationale took over under the Second Empire. The library of the Société Asiatique mirrors the fervor of thousands of Orientalists who have shared the same humanist and universalist project for two centuries. Each work bears the memory of a scholar. The Chinese Herbarium reflects the insatiable curiosity of the founder, Count de Lasteyrie. The Lalita Vistara manuscript is linked to the work of Eugene Burnouf. The charming popular Chinese images are a gift from Edouard Chavannes. 'Truth is in the whole', wrote Hegel. At a time of narrow specialization and excessive compartmentalization, the present collection opens up a space for universal reflection and citizenship.

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