Description
À la suite des travaux de Peirce (1930), Haiman (1980, 1985), Tai (1985), etc., l’iconicité de la syntaxe a été un sujet à la mode, souvent dans un contexte de polémique contre l’arbitraire du signe saussurien. On se limitera ici à l’iconicité de la séquence temporelle: l’ordre des mots dans la phrase mime-t-il l’ordre des événements dans le monde de référence? L’heure de dresser un bilan était arrivée, et, pour cela, on a voulu ici relever un défi: tenter de «faire marcher» l’idée d’iconicité temporelle jusqu’au bout, de la pousser jusque dans ses derniers retranchements. Faisant converger étude de l’iconicité de l’ordre des constituants et étude de l’Aktionsart des verbes, nous proposons d’étendre le champ d’application de cette iconicité temporelle, des événements aux procès et, de là, aux phases qui les composent. Si, après enquête, l’iconicité semble, en chinois, être partout ou presque, c’est que les marques séquentielles (l’ordre des constituants), en même temps que les informations sur les prédicats (valence et Aktionsart) codées dans le lexique, sont essentielles au fonctionnement des langues isolantes du type du chinois, et que ces marques séquentielles obéissent le plus souvent, au moins dans le cas du chinois mandarin contemporain, à l’iconicité. C’est l’occasion de proposer de nouvelles classifications des verbes du chinois. On les trouvera abondamment illustrées par des exemples empruntés aux corpus les plus variés, puis récapitulées dans de nombreux tableaux dont nous espérons qu’ils seront utiles pour l’apprentissage et l’enseignement du chinois.